Le sourire était de mise, mais le ton était ferme. Lundi 23 novembre, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a profité de la visite officielle d’Emmanuel Macron pour transformer l’échange protocolaire en un véritable bras de fer économique. Au cœur du débat, la fin de la rente et l’exploitation du manganèse.
Le chef de l’État gabonais a fait preuve d’une redoutable habileté politique en prenant son homologue au mot.
Exhumant une phrase prononcée par Emmanuel Macron à Dakar en 2018 sur l’« exemplarité » nécessaire des entreprises françaises, Oligui Nguema l’a sommé de passer de la théorie à la pratique.
La cible est cette fois nommément désignée, il s’agit du groupe minier Eramet.
Le président gabonais ne se contente plus de promesses vagues.
Il a explicitement demandé à l’Élysée d’intervenir pour que l’entreprise soit « plus réactive » et s’aligne enfin sur la vision nationale.
La transformation du minerai doit se faire sur le sol gabonais pour créer de la valeur ajoutée locale, et non plus être simplement exporté brut.
Au-delà de l’industrie, c’est aussi un rappel à l’ordre sur la transparence.
Libreville a posé de nouvelles règles du jeu et a invité les entreprises françaises à publier leurs contrats et déclarations fiscales selon les normes du FMI.
Pour le Gabon, le « partenariat gagnant-gagnant » vanté par Paris ne sera validé que si les usines sortent de terre ici.
La balle est désormais dans le camp d’Eramet et de l’État français.
